André de Beaumont

Après avoir usé des agissements les plus indélicats et les plus malhonnêtes à l’égard de sa belle-mère, Marie d’Argenton, qu’il accusait d’inconduite, il l’enferma dans une chambre de son château de La Mothe dont il fit murer l’entrée, il la dépouilla de tout ce qu’elle possédait en argent et en bijoux, l’obligea à lui abandonner tous ses biens et la contraignit à épouser le mari qu’il lui avait choisi en disant « qu’il fallait marier sa belle-mère où elle ardooit » (Archives historiques du Poitou, tome XXIX. Page 356)
Ayant garni de soudoyés de la pire espèce, les places qu’il détenait, il fit de son château de Lezay un véritable repaire duquel il s’élançait journellement à la tête des bandits à sa solde, pillant et rançonnant les campagnes dont il terrorisait les malheureuses populations, poussant jusqu’à Saint-Maixent où il avait envoyé « deffiances de feu et de sang. » Un de ses suppôts, capturé dans une sortie, avoue que « depuis Pasques derrenières passées, il s’en vint demourer en la compagnie de Monsieur de Lezay, pendant lequel temps il a esté parmi les villages d’entour dudit lieu de Lezay et de Saint-Maixent, esquels villages luy et plusieurs autres, à plusieurs et diverses foys, ont rançonnez les habitants desdits villages à blé, à vin, avoine et argent.......; et que lesdits rançons ils faisoient par commandement et consentement dudit seigneur de Lezay. » (Archives municipales de Saint-Jean-d’Angély. FF,30)
Pendant six ans, de 1425 à 1431, le seigneur de la Mothe et de Lezay se livra, sans être nullement inquiété par le pouvoir royal, à tous les actes de banditisme. Au nombre des méfaits relevés à sa charge par l’instruction figuraient: la capture, emprisonnement et mise à forte rançon à son profit, du prieur de Mougon et de Gilles de Marconnay, seigneur de Chailly, la Gastelinière et autres places; sa complicité avec le vicomte de Thouars lors de la prise d’Hardouin de la Porte, laquelle lui avait rapporté un cheval du prix de cent cinquante écus et une forte somme d’argent; la violence exercée avec Louis d’Amboise contre une jeune femme de Chizé; l’incendie de l’église de Messé et des servitudes du couvent de Bonneuil qu’il avait d’abord mises à sac. La garnison qu’il avait placée au château de la Rochélie, opérant à son compte, avait ravagé le pays à plusieurs lieues à la ronde. En outre, la capture du seigneur de l’Isle de Magné qu’il avait retenu prisonnier au château de La Mothe et auquel il ne rendit la liberté que contre le paiement d’une somme de sept cent livres tournois ...
S’étant rendu à la cour en juin 1430 avec Louis d’Amboise, le vicomte de Thouars, et Antoine de Vivonne, dans le but de comploter contre la vie de La Trémoille, le complot fut découvert, les trois complices arrêtés et amenés en présence du roi au château de Loches en novembre 1430. Poursuivis pour crime de lèse-majesté, ils furent amenés prisonniers au château de Poitiers.
Leur procès a été instruit à Poitiers dans le même temps que se déroulait le procès de Jeanne d'Arc.
André de Beaumont et Antoine de Vivonne ont été décapités le 9 mai 1431. Quant à Louis d’Amboise, le vicomte de Thouars, par égard à son rang, il bénéficia d’une commutation de peine et eut la vie sauve.
La mort d' André de Beaumont, sinistre personnage, fut une délivrance pour toute la contrée.
sources : Dominique Triaud-Richard