Boucicaut
La carrière militaire de Jean le Meingre a commencé très tôt en Gascogne dès 1328. On le retrouve plus tard à Cambrai en 1339.
En juin 1340 Boucicaut accompagne l’expédition du duc de Normandie avec le fils aîné de Philippe VI de Valois, le futur Jean II, contre le Sénéchal du Hainaut pour convaincre les Valenciennois de se rallier à la France. Boucicaut est alors fait prisonnier, rançonné et enfermé dans Valenciennes. Il fait ainsi connaissance avec un personnage important : Jean Chandos, né vers 1310 comme lui. Ce dernier deviendra le bras armé du roi d’Angleterre. Les rencontres entre ces deux chefs de guerre vont être continues et le plus souvent Jean le Meingre, dit Boucicaut, sera le prisonnier de Chandos qui n’abusera pas de son « droit » de rançon. Mais ils se rencontreront également hors des périodes de combats et, fort probablement, s’estimeront mutuellement et se comporteront tous deux « en preux chevaliers »
A cette époque là Anglais n’étaient pas les seuls ennemis du Royaume. Boucicaut est mandé pour participer à la croisade d’Hubert II, dauphin de Viennois, contre les Turcs (1345-1347). Il avait déjà participé à la prise de Smyrne auparavant. Cette expédition évitera à Boucicaut de se trouver sur le champ de bataille du désastre de Crécy ( 1346 ).
Le 10 août 1356 Chandos et le Prince de Galles, dit (plus tard) « le Prince Noir » remontent vers Paris alors qu’une avant-garde menée par Boucicaut et Amaury de Craon se trouve dans les parages. Le comte de Poitiers, le Prince Jean qui n’avait que 16 ans se dirigent vers Tours. Boucicaut veut arrêter Chandos près de Romorantin, mais doit se replier dans la ville. Chandos veut prendre la ville et le château sans combattre et demande à Boucicaut de se rendre. Ce dernier répond : « Messire Jehan, grand merci à Monseigneur le prince qui nous veut être si courtois, mais nous ne sommes pas avisé, ni en volonté de faire cela, ni jamais ne plaise à Dieu, qu’il nous ait si légèrement ». Les feux grégeois enflamment la grosse tour couverte de chaume du château et Boucicaut, Craon et l’Hermite de Chaumont n’ont d’autre choix que de se rendre.
Le roi de France arrive à Tours, puis à Loches alors que le Prince de Galles couchait à Châtellerault du 14 au 16 septembre. Le 18, près de Nouaillé, le Prince mandate Chandos pour offrir au roi Jean de libérer les prisonniers (dont Boucicaut) et de rendre les châteaux en échange de sa retraite vers Bordeaux. La suite, le 19, est bien connue (défaite de Poitiers). Boucicaut ne participe pas à la bataille de Poitiers puisqu'il est alors déjà prisonnier des Anglais.
Le roi Jean ayant entièrement confiance en Boucicaut le nomma, dès le 21 octobre 1356, Maréchal de France. Il fut également nommé, conjointement avec Guillaume VII sire de Parthenay, lieutenant-général du Poitou, de Touraine et de Saintonge en 1358. Il participa activement aux négociations du traité en 1360.
Jean II Le Meingre, surnommé comme son père Boucicaut, (né en 1364, Tours - mort en Angleterre, probablement le 25 juin 1421), était lui aussi maréchal de France.
Avec l'accord de Raymond de Turenne, Jean II le Meingre se marie en 1393 avec Antoinette de Turenne , fille de Marie d'Auvergne et de Raymond VIII de Turenne. Le contrat de mariage imposait à Boucicaut de modifier ses armoiries et d'y faire figurer les armes de Turenne:
parti, au premier, d'argent à l'aigle de gueules bécquée et membrée d'azur, au second, coticé d'or et de gueules de douze pièces.
Le vendredi 25 octobre 1415, jour de la saint Crépin, la bataille d'Azincourt fut livrée contre l’avis de Boucicaut. Les troupes françaises placées sous le commandement de Jean Ier, comte d’Alençon et du connétable Charles Ier d’Albret furent taillées en pièces. Le comte d’Alençon fut tué ainsi que le connétable d’Albret.
Henri V, roi d’Angleterre, ordonna le massacre des prisonniers à rançon. Rares furent ceux qui comme Charles d’Orléans, le duc de Bourbon et le Maréchal Boucicaut eurent la vie sauve et furent emmenés en captivité.
Nous ne savons pas grand-chose des années de captivité de Boucicault. De 1415 à 1420 il a été détenu avec Charles d'Orléans et Arthur de Richemont au château de Fotheringhay sous la garde du chevalier anglais Thomas Burton. Il aurait, composé Le Livre des cent ballades pendant sa captivité avec Jean de Werchin, Philippe d’Artois, le maréchal d’Eu, et Jean de Cresèques.
La présence de Charles d’Orléans, prisonnier comme eux, dut inciter quelques chevaliers français à rimailler. Décédé en Angleterre, il fut inhumé en la basilique de Saint-Martin de Tours, dans la chapelle de sa famille. Une épitaphe lui donne le titre de Grand Connétable de l’Empereur et de l’Empire de Constantinople. Antoinette de Turenne fut, à sa demande, enterrée auprès de son époux.
José Dailly